Vendeuil eut peu à souffrir des persécutions dont les protestants furent victimes. On ne trouva que cette note sur les registres tenus par le curé : le 25 février 1730, décès de Simone Nobecourt, femme de Jacques Caplet inhumée sans donner et chanter à voix base attendu son peu de soumission à son devoir d'église. Le 24 août 1790, abjuration solennelle au milieu des vêpres, de la religion prétendue réformée de Calvin, par Antoine Gérie soldat de Pecquigny, colonel général natif de Mosne-Homici (Languedoc).
Il y a lieu de croire que le Christianisme à Vendeuil fut introduit dès son origine, tout au moins au 3ème siècle, (Saint-Quentin l'apôtre du Vermandois mourut en 287). Vers le milieu du VI° siècle, sa parente sainte benoîte d'Origny et ses compagnes avaient évangélisé les bords de l'Oise. En ce temps-là aussi, le célèbre Saint Montain dans sa solitude de La Fère répandait autours de lui ses vertus et sa connaissance de l'évangile. Un autre solitaire de la ville de Saint-Quentin du nom de Lottin, fuyant le monde, s'était choisi une retraite au pied de la colline de Rémigny dans un lieu qui porte encore le nom de L'"hermitage". De l'an 362, la ville de St-Quentin avait ses évêques qui durent répandre autour d'eux le christianisme.
Vendeuil faisait partie du diocèse de Noyon; partagé en archiprêtres, décanies ou doyennes. L'église de Vendeuil formait la troisième décanie du diocèse de Noyon.
Elle comprenait à sa création vingt-cinq curés et neuf doyennes ruraux. En un mot, elle était le chef-lieu de la troisième Chrétiente et possédait un baptistaire. Elle n'avait qu'un seul autel dédié à Saint Jean-Baptiste qui lui fut donné en 1088 par Radbob II, évêque du Vermandois et de Noyon.
Toutes les églises ne possédaient pas de baptistaire. Les églises jouissant de ce privilège, s'appelaient "plèbes" les autres étaient nommées "minores tituli". Le baptême n'était tout d'abord donné dans les églises matrices (ou plèbes) que deux fois par an ; la veille de pâques et la veille de pentecôte, sauf en cas de danger de mort. Il y avait un doyen de Chrétienté dans chaque prévote châtelaine. Les doyens étaient chargés des églises matrices, les doyens ruraux changeaient ordinairement tous les trois ans et étaient chargés notamment de passer les actes.
Au Xème siècle, l'église de Vendeuil se trouvait au château; elle était dédiée à St Pierre. La tradition locale la place au nord du château un peu au-dessous de l'enceinte fortifiée. Un grand nombre de sépultures furent mises à jour à cet endroit vers 1878. Il est probable qu'elle disparut vers le XI° siècle ou XII° au moment de la construction de l'église Saint Jean-Baptiste.
L'église actuelle est bâtie, dit-on sur les ruines de celle qu'un Clérembault avait élever. Si l'on s'en rapporte à des données d'histoire locale, cette église (détruite en 1418) aurait été construite au VI siècle, mais le doute est permis, au moins pour une partie ou dominait l'ogive du XIV° siècle.
Le clocher dans sa majeur partie, pouvait être attribué aux premières années du XII° siècle. La partie basse a été construite à une époque ou le vieux plein-cintre n'était pas encore abandonné ainsi que le prouvait la fenêtre du rez-de-chaussée. Le surplus de la construction était d'une époque de transition ou le plein-cintre s'alliait à la jeune ogive. Cette fusion transitionné les deux styles; elle était apparente dans les baies à colonnettes et à chapiteaux du III° siècle et faisait remonter la construction de cette partie de l'édifice au commencement du XIII° siècle. Le clocher avait la structure puissante des forteresses des XI° et XII°. C'était un admirable échantillon d'architecture religieuse et militaire ; il était, au surplus très élégant avec ses baies garnies de légères colonnettes. Les faces de l'orient et de l'occident avaient chacune deux baies. Celles du midi et du Nord en avaient trois.
La nef, le chœur et le sanctuaire étaient de construction plus récente. Là dominait le style ogival flamboyant propre à la fin du XIV° siècle et plus particulièrement du XV°. La croyance populaire est que cette partie de l'édifice fut réédifiée par Marie de Luxembourg vers 1530 après un incendie qui ne laissa que le clocher. Cette princesse surnommée "mère des pauvres" avait fondé à perpétuité dans l'église de Vendeuil pour elle et sa famille un service solennel auquel devaient assister tous les curés du doyenne de Vendeuil. Elle leur avait légué, pour assurer le service de cette fondation un tiers de la dîme du village de Contescourt et quinze setiers de terre du terroir d'Artemps. Le produit de cette fondation se partageait entre les curés lors de la distribution des saintes huiles.
Il fut question de classer l'église de Vendeuil parmi les monuments historiques.
En octobre 1873, une commission Départementale réunie à Laon sous la présidence du préfet, eut à examiner la liste des propositions de classement envoyée par chaque arrondissement et dont l'une comprenait l'église de Vendeuil. Finalement, la proposition la concernant fut écartée après une longue discussion. Le rejet, dit-on est dû à l'insouciance du curé et de la municipalité.
L'intérieur de l'église était aussi intéressant. Les voûtes reconstruites seulement en 1807 reposait sur six colonnes élevées en 1776. La nef, régulière dans toutes ses parties, avait 16 m de longueur du mur portail à la grille du chœur et 18 m de largeur non compris les chapelles. Le chœur, d'une longueur d'environ 15 m était éclairé par six belles fenêtres géminées de 2m90 de largeur sur 5 m de hauteur et garni jusqu'à la hauteur des fenêtres, de boiseries d'un travail très artistique qui dataient de la Renaissance. Chaque côté était occupé d'une rangée de stalles pour les hommes et de bancs pour les enfants de chœur. Il était fermé par une grille en fer forgé ne mesurant pas moins de 5 m de hauteur. Cette grille était un travail de ferronnerie d'une grande délicatesse et faisait l'admiration des visiteurs.
Le 30 Octobre 1791, une assemblée composée de marguilliers et d'habitants de Vendeuil décida de substituer aux pilastres en bois des barreaux en fer forgé, semblables à la grille et de remplacer aussi la croix et son pied par une petite croix en fer qui fut placée en haut de la grille avec quelques ornements. (Rouen, maître serrurier à La Fère fut chargé de ce travail qui coûta 339 livres). Le maître-autel empruntait le style de la Renaissance. Il était en marbre ainsi que le pavé du sanctuaire. Derrière l'autel se trouvait un beau retable représentant la naissance du Christ ; à gauche de ce retable on voyait la statue de Saint Jacob et à droite celle de Saint Jean-Baptiste. Au pied de la statue de St Jacob on remarquait une chasse renfermant les reliques de St Jean-Baptiste. Au pied de la statue, à gauche de l'autel, vers le milieu du chœur se dressait, entre deux fenêtres, la statue de St Eloi.
Dans les bas-côtés de l'église, également lambrisses, se trouvaient deux chapelles ; celle de droite dédiée à St Nicolas, celle de gauche à la Ste Vierge. Sur les boiseries de la chapelle de la Ste vierge on lisait la date 1716 et sur celles de la chapelle de St Nicolas 1719. Les fonts baptismaux étaient en pierre sculptée et paraissaient être du XIII°siècle. La chaire portait la date 1692. Le chemin de croix, posé en 1896, était sans conteste le plus beau de tous ceux des églises des environs de St Quentin. On entrait dans l'église par trois portes. Au-dessus de celle du milieu se trouvait une tribune ou était placé l'orgue béni en 1855.
La toiture oblique du clocher était orné d'une horloge qui sonnait les quarts, les demies et les heures. Elle datait de 1838. Les croix qui couronnaient la flèche étaient surmontées de deux coqs. On ne sait rien de la présence de ces coqs sur le clocher ; il paraît que dans des temps très anciens, il s'agissait d'un coq et d'une poule. selon les remarques faites, les deux coqs dans la même direction indiquent un temps stable, dans le cas contraire, un changement de temps.
A la Révolution croix et coqs furent remplacés par deux piques. L'oriflamme, le bonnet de liberté et une couronne de laurier. Les boiseries et la grille devaient être démontées également mais le travail fut traîné en longueur, ce qui les sauva.
Des ouvriers forgerons et bourreliers installés dans l'église travaillaient pour les armées.
Un atelier de salpêtre y fut installé. Il était occupé par M. Menart qui faisait l'école dans le chœur ; le Conseil municipal y délibérait. On y lisait et affichait les décrets et lois. L'église s'appelait alors le temple de l'être suprême. Les objets à usage du culte furent vendus à l'encan au district de St Quentin. Avant la Révolution, les biens de l'église étaient assez considérables. Ils provenaient de dons faits par les châtelains ou les paroissiens à charge de services religieux. Les biens étaient administrés par le doyen, le marguillier en charge et le marguillier en second. Chaque année les comptes étaient rendus au bailli de la châtellerie. Les curés de Vendeuil cultivaient presque tous la terre. Ils possédaient des chevaux et des vaches. Il y avait au presbytère grange et écurie. L'église possédait d'autres biens qui étaient loués aux habitants à charge de redevances annuelles. Elle touchait aussi diverses rentes sur d'autres biens. Avant la révolution, l'église possédait 23ha 35a 40ca de terres et 19ha 43a 9ca de prés. Ces biens étaient loués moyennant une redevance annuelle de 24 hl de blé et 1999 livres en argent. Ils furent vendus au district de St Quentin le 15 avril 1793 et à l'administration Départementale de l'Aisne le 24 thermidor an IV. L'église avait encore un droit de dîme sur le terroir de Mayot et 200 F de rente sur le trésor royal, d'un capital de 4000 F qu'elle y avait placé. Les chapelles avaient leurs biens particuliers qui étaient loués par les chapelans ; ceux-ci devaient exécuter les charges de fondation de ces chapelles.
Le clocher de l'église renfermé trois cloches. Celles qui faisaient entendre leurs carillons avant la grande guerre dataient de 1820. Leurs devancières avaient vu maints ennemis ; Anglais, Espagnols, Bourguignons, Hollandais et sonné très souvent l'alerte. Elles furent descendues pendant la Révolution. Deux seulement furent enlevées et conduites à St Quentin. La plus grosse resta au clocher. On la conserva pour appeler les habitants des villages voisins en cas d'incendie et pour indiquer l'heure aux travailleurs des champs. On lisait sur cette cloche ; "le jour où je fus faite on me nomma Marie pour sonner pour les vivants aussi que pour les morts."
Le parrain fut le Duc de Vendôme, la marraine Marie Herbin, l'an 1666. Elle pesait 2500 livres à cause des brèches qu'elle portait. Les cloches actuelles ont marqué l'heure joyeuse de la délivrance et lancé dans l'air leurs joyeux carillons pour fêter l'arrivée des américains le 2 septembre 1944.
L'église de Vendeuil fut entièrement rasée pendant la guerre 1914-1918. Elle a été reconstruite depuis sur les plans de l'ancienne. On a reproduit notamment la belle grille du chœur et les fines boiseries du pourtour. Le chœur seul est de dimensions plus réduites. Le clocher porte encore deux coqs, l'horloge aux quatre cadrans continue à régler les travaux du village de sa sonnerie qui retentit tous les quarts, d'heure et ses trois cloches à annoncer les offices. Le cimetière qui entourait l'église et comptait plus de 8000 ans d'existence a été désaffecté et remplacé par une pelouse avec de larges allées couvertes de gravier. Deux entrées monumentales, constituées par des grilles en fer forgé, donnent accès à la porte principale. L'une s'ouvrant à l'Ouest, l'autre au Sud-Ouest.