La devise de la commune : "Nous sommes de Vendeuil, de Vendeuil nous sommes" plante le décor.
On comprend à la lecture des archives, l’importance dont Vendeuil bénéficiait à travers les siècles. Les constructions importantes sont le reflet de ce que les différents seigneurs apportaient au fief. L’église Saint-Jean-Baptiste date du VIème siècle, le Château fort du VIIIème siècle, l’Hôtel-Dieu remonte probablement au XVIIème.
Vendeuil a continué à marquer sa différence en possédant son zoo sous les bons hospices de Monsieur et Madame Caucheteux dans l’enceinte du fort.
Le sire de Coucy aimait organiser des tournois dans une grande prairie de Vendeuil, vaste et propice aux joutes des chevaliers.
Les traces du passé sont aussi présentes dans les noms donnés aux sites vendeuillois. La "Fosse à Reine" possède sa légende. La "Haute Borne" donne des éléments essentiels en ce qui concerne la datation. En effet, des menhirs étaient dressés sur ce lieu. La Cailloire renferme de nombreux fossiles datant de la période quaternaire. Même le nom des rues témoigne de faits historiques.
Louis XIV a foulé le sol de la commune en 1677 pour assister à une messe. Il fallut nourrir sa cour et ses troupes ce qui provoqua une misère noire. En 1817, le Duc d’Angoulème laissera lui un bon souvenir ayant donné des pièces d’or pour nourrir les pauvres tout comme Charles X, 10 ans plus tard.
Les guerres ont détruit bien des ouvrages reconstruits à chaque fois, comme la mairie bâtie vers 1863 et remise en place grâce à la générosité et au savoir-faire du maire architecte Paul Carette. La mémoire du village vous dira qu’il ne reste en 2005, que deux pilastres seules rescapées des bombardements des deux guerres.
La population de Vendeuil était de 1641 habitants en 1831 pour avoir baissé de moitié aujourd’hui. La commune possédait sa fabrique d’huiles, de beaux moulins à farine, une broderie mécanique, une brasserie vins et spiritueux, un bureau de postes et télégraphes, une étude notariale et d’autres avantages que les années ont vu disparaître.
Vendeuil a su préserver l’artisanat et le petit commerce. Le village a la réputation d’être agréable à proximité d’axes routiers.
"Nous sommes de Vendeuil, de Vendeuil nous sommes" semblent clamer les habitants heureux d’y vivre. On dit même que l’ont y vit centenaire.
Sans doute la force de résistance des anciens devant les maux des guerres et dévastations essuyées y est-elle pour beaucoup !
Vendeuil et ses deux coqs !Les deux coqs de l’église ont déjà bien fait parler. Certains disent que le premier coq a été offert par le Seigneur qui a commandé le clocher, et que l’autre coq a été offert par le Seigneur qui a vu le clocher surplomber la chère église... Une autre version dit que le second coq est celui qui trônait sur la chapelle du château... |
Aussi loin que l’on puisse remonter, les siècles nous apprennent l’orthographe de la commune.
1088 : Vendolium Castrum - 1112 : Vendoilum - 1135 : Vendoilus - 1147 : Vendeil - 1177 : Venduel - 1211 : Vendolium - 1346 : Vendueil - 1358 : Vendel - 1410 : Venduel - 1461 : Vendeil - 1475 : Vendeuil en Vermandois - 1531 : Vendeul - 1561 : Vendoeul - 1602 : Vandeulle - 1640 : Vandeuil
C’est la fierté de Vendeuil dans ce blason qui signifie toute l’importance que le premier seigneur voulait donner au fief : "Nous sommes de Vendeuil, de Vendeuil nous sommes".
Clerambault, premier du nom, vivait en 1045. Il donna ordre d’écrire ces mots sur le blason, sur la base d’un lion d’or naissant d’azur.
Les nombreuses bâtisses construites siècles après siècles confirment que Vendeuil était une commune importante. Elle se prédestinait au rang de chef-lieu de canton compte tenu également de sa situation géographique primordiale.
Vendeuil prouve de par son histoire l‘importance qu’il avait dans le département. On s’en convainc avec les tournois pratiqués au Moyen-Age.
Le Sire de Coucy avait privilégié Vendeuil pour l’organisation de joutes. Certains donnent la date de 1177, d’autres de 1188. Vendeuil avait ce grand avantage de donner aux chevaliers une grande prairie pour exercer leur esprit de compétition.
Le sire de Coucy avait convié pour un tournoi mémorable des combattants qui vinrent de toutes les régions de France et de Belgique. Le bourg avait prévu le bon accueil comme une organisation digne de jeux olympiques pour faire une comparaison que chacun comprendra. Les dames élégamment vêtues étaient là pour féliciter les vainqueurs ou se plaindre de la violence de certains combats. 9 joutes étaient programmées et lors du festin organisé le soir, nombreux étaient ceux qui s’attablaient qui, le bras cassé qui, le corps meurtri de maints coups de lances.
20 tentes furent dressés pour que les chevaliers et dames puissent manger à volonté. Le sire de Coucy qui avait montré à plusieurs reprises sa ténacité lors des joutes était là, le bras en écharpe.
On peut dater l’origine de ce type d’hôpital au XIIème siècle, époque à laquelle la lèpre apparut. La maladrerie était construite en vue d’y enfermer les lépreux, dès les premiers symptômes détectés.
Mal redouté et effrayant de par les dégâts qu’il provoquaient, la léproserie semblait être la seule issue. On enfermait les "condamnés" après avoir chanté pour eux l’office des morts.
Le seigneur de Vendeuil semble avoir permis à cette bâtisse de fonctionner ayant exempté aussi de droit de vinage et de la dîme, impôts lourds du siècle. Louis XIV fit supprimer la Maladrerie par un édit du 7 février 1695.
Le bâtiment fut détruit. Pour perpétuer la mémoire, les habitants érigèrent un clavaire en lieu et place. Détruit à la révolution, il fut reconstruit en 1804.
Une rue de Vendeuil porte le nom de RUE SIMON FER. Peu en connaissent l’origine. Elle honore pourtant un homme qui a montré son courage et sa résistance durant le siège de 1674.
En cette année, une troupe de 70 000 hommes composée d’Allemands, d’Espagnols et de Hollandais décident d’envahir la France par la Champagne et la Picardie.
1500 hommes sous les ordres du Baron de Quincy veulent établir un camp à Vendeuil.
Les villageois se battront jusqu’à la mort plutôt que de se rendre. Acculés par l’ennemi, ils se réfugient dans l’Église du village.
SIMON FER, un des résistants, tue le Baron de Quincy qui venait d’ordonner l’assaut du bâtiment.
Les ennemis fuient en continuant à détruire sur leur passage. Redoublant de courage et emportés par la fougue de Simon Fer, les villageois pourchassent les troupes, faisant de nombreuses victimes chez les Espagnols et les Hollandais. Mais sans doute trop fougueux, le héros du jour est tué. Pour honorer sa mémoire, on donna son nom à la rue où se trouvait sa maison.
Il est important de signaler que les vendeuillois eurent l’élégance d’enterrer les ennemis morts et de soigner les blessés.
On doit songer que la vie est belle à Vendeuil.
Surtout lorsque l’on apprend les réprimandes qui pouvaient suivre après des querelles de soirées dansantes.
Un 4 juillet, un rapport du procureur fiscal au bailli fut fait et la danse fut interdite.
Il faut savoir qu’une ordonnance du 22 février 1347 condamnait les blasphémateurs au pilori. De plus on leur fendait la lèvre supérieure de dessus au fer chaud, on leur coupait la langue. Si les coupables n’étaient pas dénoncés, les témoins "vivaient" les mêmes supplices.
Le 2 août 1730, le bailli de Vendeuil renforce les interdictions. Son condamnables le blasphème, la danse, le chant avec violon dans les rues et sur la place. Défense de s’enivrer et aux hôteliers de vendre à boire le dimanche, durant les offices, et aux mamans de travailler sans permission du procureur fiscal.
Obélix aurait pu fouler le sol de Vendeuil. Les menhirs se situaient au lieu-dit "la haute borne". En 1895 on a mis a nu des foyers gaulois. Vendeuil appartenait à la Gaule-Belgique.
Puis on a trouvé des médailles et monnaies romaines. Près du territoire de Ribemont on a même déniché une pièce de monnaie marquée "Vendilos".
Le territoire de Vendeuil aurait été détruit 275 ans avant J.C.. Les romains auraient reconstruit (mais que faisaient les irréductibles gaulois ?) jusqu’à ce que les vandales envahissent à leur tour.
Du fait de sa position géographique privilégiée et des forêts environnantes, Vendeuil permettait de se protéger tout en observant l’ennemi.
La mairie de Vendeuil était à l’origine un fief remontant à l’époque féodale.
La réputation de Vendeuil, par delà les régions, la promettait au rang d’Hôtel de Ville. A son fronton, se prédisposait ces lettres signifiant que la commune devenait chef lieu.
Le maire de l’époque, Paul Carette, s’investit et investit énormément dans la reconstruction de la mairie. Ingénieur de métier, il conçut les plans. Ce généreux célibataire finança en grand partie les travaux de l’école, montant élevé à plusieurs dizaines de millions d’anciens francs. Dommage qu’il n’ait jamais vu son œuvre, achevée en 1928, 7 ans après sa disparition.
A visiter un magnifique escalier qu’il avait dessiné, restauré 50 ans après les tirs d’artillerie de 1940.
Place militaire à l’origine, le couple Caucheteux y crée un zoo. Les structures du fort avaient été judicieusement utilisées pour faire profiter du spectacle tout en protégeant les spectateurs. On se souvient d’un pont surplombant la cage aux fauves.
Construit en 1870, le fort a été détruit à la guerre 14/18. L’armée l’utilisait encore pour l’entraînement des soldats durant la seconde Guerre Mondiale.
Saint-Jean-Baptiste côtoie Jeanne-Françoise-Félicité, Caroline-Elizabeth et Désirée-Marthe-Louise, le noms des cloches de l’église.
Autre richesse de Vendeuil, le Prieuré. Ce sont les moines de l’Abbaye de Laon qui en 1088, le baptisèrent du nom de Saint-Jean-Baptiste. Détruit à la Révolution, les biens furent confisqués et vendus.
Il reste néanmoins les traces d’architectures datées de différentes époques : Exemple l’ancienne église avec son clocher du XIème siècle, nef, chœur et sanctuaire de fin XIVème. Les écrits ne cessent de démontrer que l’œuvre a vécu les réfections au travers de siècles, chacun apportant son style.
De l’intérieur, l’Eglise dévoile d’autres charmes où les connaisseurs et fidèles donneront date à leurs découvertes et à leur visite.
Vendeuil, par les écrits, prouve l’importance et la prospérité dont elle jouissait. Si la révolution de 1848 annonce des jours plus ternes, la population ne cesse de prouver sa force.
Le période révolutionnaire de 1848 eut comme premier effet d’augmenter le prix du pain.
Les ouvriers se trouvaient sans travail.
Un club révolutionnaire s’institua et des conférences durèrent deux mois dans l’enceinte de la salle de danse de Vendeuil.
Devant la vindicte, on créa des ateliers communaux, des travaux de réfection permettant même de se protéger du débordement de l’Oise. Mais à 60 centimes la journée de travail, impossible d’acheter un pain à 0,50 F le kg.
Une période noire à laquelle suivit la guerre de 1870, la guerre 14/18 et la Seconde qui valut à la commune la Croix de Guerre pour avoir été détruite à 90%.
Il est très fréquent que Vendeuil puisse fêter les 100 bougies d’un habitant. Le climat serait-il propice à la longévité ?
La première naissance du siècle dernier a été enregistrée par Monsieur Lanez, maire de l’époque. C’était la petite Charlotte Champion. Marcelle Champion, coïncidence patronymique, a fêté ses 102 ans en 2005. Tout naturel, avec un nom comme celui-là.
Les photos en grand format (300 ko)
Article paru sur l'Aisne Nouvelle du 23 juin 2005
Les photos aériennes ont été prises par la société Altimage ARRAS.
Si vous désirez avoir la trace papier de ces cliché, je vous invite donc à prendre contact avec celle-ci.
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