On ne passe pas une journée entière à Vendeuil sans en ressentir un certain charme. Je sais que cet aveu risque d'attirer ici et là quelques sourires, mais c'est pourtant ce que j'ai éprouvé. Et comme c'est vrai, j'ai la faiblesse de l'avouer. J'ai aimé la chute d'eau située non loin des Grands Moulins, le barrage à la sortie du stade, les méandres de l'Oise et les majestueux rideaux de peupliers frémissants. J'ai rêvé moi aussi, depuis le pont qui domine ce qui pourrait devenir un lac magnifique. J'ai imaginé des bungalows sur ses rives, des voiles blanches gonflées par le vent, des couples riant sur des pédalos, et des dizaines et des dizaines de pêcheurs guettant le moindre mouvement de leur bouchon... Puisse ce beau rêve devenir un jour réalité n'est-ce pas M'sieur l'Maire !
J'ai voulu voir la gare une dernière fois, car je savais qu'elle ne tarderait pas à être livrée à la pioche des démolisseurs. Je suis entré dans la salle d'attente et dans le bureau du chef de gare dont le guichet des billets a été muré il y a longtemps déjà. La bordure du quai commence à disparaître sous les herbes, par contre le butoir est toujours là, et le bâtiment des marchandises.
Et je pensais que cette ligne Saint-Quentin - Vendeuil - Guise était née avec le siècle et que la première locomotive et quelques wagons avaient ravi les Vendeuillois curieux en 1901.
Rapidement ce train fut baptisé train des pêcheurs. Chaque dimanche il était bondé. Gaules, paniers à provisions, parasols, parents et gosses rendaient le convoi haut en couleurs. On riait, on chantait. On prenait le temps de vivre.
Le mécanicien stoppait pour un seul voyageur descendant à un arrêt facultatif. Et chacun se donnait rendez-vous pour un prochain dimanche.
Depuis quelques années rails et traverses ont été arrachées, laissant place à un chemin serpentant dans la verdure. C'est précisément ce tracé que la municipalité veut remettre en état afin de permettre aux promeneurs, voire même aux automobilistes de joindre Vendeuil à Moy par le chemin des écoliers. Je l'ai emprunté tel qu'il est. C'est rudement agréable. Et il n'aura coûté à la commune que le franc symbolique !
De cette époque, des trains, il reste la place de la gare et le café de la gare. Dans un avenir plus ou moins rapproché un lotissement devrait s'implanter dans ce quartier.
Savez-vous que dans le passé, Vendeuil possédait une huilerie, un moulin à farine, une brasserie, une broderie mécanique et déjà des fours à chaux au XIXe siècle. Vers 1790, les vignobles étaient nombreux et portaient les noms de clos Jambeau, clos nain ou clos Vendôme. D'après les archives on relève cependant "que le vin était de médiocre qualité".
Savez-vous également qu'il existait des sources d'eau ferrugineuse au lieudit "Le Grossier".
Dans un essai historique d'André Larive sur la commune de Vendeuil on peut lire : "La foi en la religion chrétienne était autrement grande dans ces temps qu'elle ne l'est de nos jours (...). De nos jours, toute chose est ramenée à la plus rigoureuse nudité, l'esprit moderne dédaigne ou ignore la puissance des moyens d'autrefois et n'accepte que les procédés les plus simples".
Cet écrit date de 1899... comme cet autre : "Les bals d'aujourd'hui n'ont plus rien de ce charme et de cette originalité qu'avaient ceux d'autrefois. Ils ne sont souvent qu'une vraie bousculade. L'on dansait avec beaucoup de grâce et d'aisance qu'aujourd'hui".
Si ce brave M. Larive avait connu le jerk ou le be-bop, il eut sans aucun doute été frappé d'apoplexie !
Un événement important s'est produit en 1910. Cette année là, un fragile biplan Parman piloté par le lieutenant Letheme (?) mais peut être s'agissait-il de Latham, s'était posé au campement du Fort de Vendeuil, comme en témoigne une carte postale.
Vendeuil fut commune de garnison en 1831 avec ses 147 officiers et soldats de la Garde Nationale, parmi lesquels deux tambours.
11 y avait également une compagnie de sapeurs-pompiers forte d'un officier, un sergent major, un sergent fourrier, deux caporaux, 17 pompiers... et l'inévitable tambour. En 1824, la municipalité s'était offert le luxe d'une pompe à incendie... à bras !
Il y a quelques années à la mort du lieutenant Dollé, la Cie des sapeurs-pompiers qui avait toujours existé fut dissoute. Le maire est le premier à la regretter d'autant que la commune se trouve à la tête d'équipements et d'une pompe pratiquement neuve.
La doyenne de Vendeuil est Mme Quechan, 93 ans et le doyen M. Edouard Marlière, 91 ans, un ancien de 14-18 qu'il n'est pas rare de rencontrer dans les rues du pays.
Puisque nous parlons des anciens, signalons que le BAS a réparti entre les plus de 70 ans, une somme de 6.284 francs, sous forme de bons d'alimentation, colis de Noël, brioches, charbon à l'occasion du Mardi-Gras de Pâques, de la Saint-Jean-Baptiste, du 14 Juillet et de la journée des Têtes Blanches. Merci pour eux.
Le premier dimanche de septembre, la III° Foire à la Brocante qui eut un énorme succès dès sa création se tiendra place de la Mairie. Sa renommée a nettement dépassé les limites l'arrondissement. Un conseil : dès maintenant commencez à fouiller vos greniers. Une remarque : tout se vend et tout s'achète.
Le pays présente deux particularités. La première, le clocher possède deux coqs qui n'indiquent pas toujours ensemble la même direction du vent.
La seconde, les rues sont dépourvues de plaques, fort heureusement la factrice connaît les quarante-deux artères par cœur et leurs habitants.
La pose desdites plaques à laquelle les édiles ont souvent pensé est une dépense - non indispensable certes - mais que les finances locales ne peuvent pas s'offrir.
Le même problème se pose parait-il à Saint-Quentin, où des centaines de plaques sont devenues illisibles ou ont tout simplement disparu.
Le conseil dans son ensemble et son adjoint en particulier M. Maurice Caramelle, souhaiterait que le bureau des PTT dont il est le souriant receveur fasse l'objet d'une cure de rajeunissement. Comme je le comprends.
Quand avec le maire, M. Roger Caucheteux, j'ai abordé le délicat problème des fusions, il m'a répondu en riant : "Pour moi, c'est de l'histoire ancienne. Elle date de 1939. J'étais jeune instituteur à Brissy, tandis qu'une jeune institutrice l'était à Hamégicourt. Elle est devenue ma femme !".
Bernique